Get on your dancing shoes / Jack & Lula

Les jours se suivent et se ressemblent presque. Jack ne les comptait même plus, parce que de toute façon, elle ne savait jamais quel jour elle était. A force de vivre la nuit et de dormir une grande partie du jour, elle était toujours comme dans du coton, à flotter agréablement, à se laisser porter par la vague. Le jour, l'heure voire même le mois rien ne lui importait puisqu'elle n'avait aucune autre contrainte que celle de se présenter au dernier défilé, ou bien de ne pas manquer la Cobra Snake party. C'était d'ailleurs les fêtes et autres évènements de LA qui permettaient à Jack d'avoir un semblant de calendrier. Elle savait qu'on était telle date parce qu'on fêtait l'anniversaire de tel acteur célèbre dans tel lieu branché. C'était tout. Cela aurait pu paraître navrant mais pour Jack, habituée à vivre comme ça depuis des années, c'était tout simplement normal. Mais là, à l'Hôtel et sans évènement réellement marquant, elle était juste perdue. Il lui semblait être là depuis trois jours, peut être deux voire quatre, mais ça aurait pu faire dix mois qu'elle s'en serait à peine rendu compte. La seule différence entre LA & ici, c'était la solitude. Jack avait l'habitude d'être plus qu'entourée, toujours, tout le temps, en permanence, et ici... c'était presque le vide intersidéral. Elle était très sociable mais quelque chose semblait rendre les gens dingues, peu avenants, à moitié névrosés, sur les nerfs et à deux doigts d'exploser. Jack ne comprenait pas de quoi il était question puisqu'elle ne se rendait pas compte du côté louche du voyage. Comment aurait-elle pu, d'ailleurs, puisqu'elle était partie avec son petit ami, savait que son meilleur ami et sa connasse de sorcière de copine avaient gagné le même présent et que le seul indésirable était un journaliste, accessoirement blogueur acerbe - ce qui n'avait rien de choquant. Rien ne semblait pouvoir lui mettre la puce à l'oreille, contrairement à d'autres qui retrouvaient ici une pléiade d'ex copains assoiffés de vengeance. Pour une fille aussi sociable et volatile que Jack, ne pas parvenir à trouver une bande de jeunes assez désinvolte pour aller de beuverie en beuverie sans se poser plus de questions, c'était assez déprimant. Elle n'avait pas l'habitude de passer ses soirées chez elle devant un film ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs et tournait en rond comme un lion en cage. Tant et si bien que Jack était à deux doigts d'oublier que son petit ami n'était qu'un connard de gros baiseur et qu'elle était en guerre contre lui. Oui, elle était à deux doigts de lui pardonner et d'oublier son histoire de guerre de l'attention, ce qui voulait dire qu'elle l'ignorait, sauf quand ils baisaient. Pour l'instant, ça n'avait pas l'air de porter ses fruits, mais Jack était patiente. Puisqu'elle ne pouvait pas lui offrir une rupture surmédiatisée - vu l'absence de papparazzis - elle faisait avec les moyens du bord, donc. Cependant, Jack était une fille spontanée et qui surtout, ne se préoccupait nullement de ce que les autres pensaient, ou de leur opinion sur sa personne. Elle lisait rarement les articles la concernant, et savait simplement qu'on l'adorait autant qu'on la détestait. Et c'était tant mieux. Jack se fichait donc bel et bien de sortir seule et c'est ce qu'elle faisait depuis son arrivée ici, multipliant les rencontres avec la faune locale, plutôt chaleureuse. Comme la veille - ou l'avant veille - avec Anabel, une fille en pleurs qui s'était révélée super cool après l'épreuve de la déprime la plus totale.

Il était 22H30 et Jack venait à peine d'enfiler son short en jean qui fut autrefois un jean ACNE tandis que Zachary, lui, ne prenait pas la peine d'enfiler quoi que ce soit. Il avait d'ailleurs raison parce qu'il n'avait pas franchement à rougir de son physique. Pourtant, maintenant qu'elle se rhabillait et passait une simple main dans sa crinière en guise de coiffure, Jack ne lui jetait même plus un regard. Elle se contenta d'attraper sa BlackAmex qu'elle glissa dans une de ses poches et sortit sans plus de cérémonie. La Californienne allait sûrement échouer de nouveau au Bye bye Love et espérer croiser de nouveau Anabel dont elle aurait adoré faire sa copine de beuverie. Simplement celle ci avait un copain, et d'après ce qu'elle avait compris, il était difficile de les séparer bien longtemps. Jack ne comprenait pas les couples qui vivaient pour l'autre. Elle et Zachary faisaient ce qui leur plaisait, toujours, et cela faisait trois ans que cela durait. Si c'était pas la preuve que leur recette fonctionnait... Certes, il y avait eu de multiples ruptures déchirantes et de retrouvailles enflammées, de tromperies et de revengesex mais ça, Jack avait tendance à l'oublier. Enfin, après avoir tenté d'assassiner Zachary et d'avoir révélé au monde entier - qui s'en fichait bien - quel monstre il était réellement. La jeune femme marchait depuis... presque une demie heure et était pourtant incapable de retrouver le Bye Bye Love. C'est au détour d'une ruelle un peu craignos qu'elle tomba nez à nez avec le "Around the World" dont s'échappait un air de punk rock assez saisissant. Ses fringues casual du soir - carreaux et short en jean élimé - se mariaient plutôt bien avec la décontraction du lieu et Jack décida qu'elle passerait la soirée ici. Après tout, à LA elle ne misait jamais sur son sens de l'orientation inexistant mais ne faisait que suivre ses amis. Là, elle était seule alors forcément elle avait réussi à se perdre dans une ville aussi minuscule que Lahaina. Mais ça devait être un signe ou un truc comme ça. Avant de rentrer, Jack fouilla frénétiquement ses poches à la recherche de son paquet de clopes, avant de se souvenir qu'elle n'avait même pas pris la peine de le prendre après s'être copieusement envoyé en l'air avec Zach et être partie tout aussi promptement. Bon, qui taxer ? Les yeux clairs de Jack et son air avenant habituel se posèrent sur chaque fumeur afin de faire d'une pierre deux coups : trouver sa dose et une bande cool avec qui passer la soirée. Simplement, son regard se posa sur une personne qu'elle n'aurait jamais imaginé revoir en de telles circonstances ; Lula. Jack était tombée sur elle lors d'une fête d'une étoile montante du cinéma pour ados - une fille en l'apparence sympa qui s'était révélée être une salope qui avait baisé son mec - et elles avaient passé toute la soirée ensemble à rire à gorge déployée à propos de tout et n'importe quoi et... ses souvenirs étaient un peu flous, l'alcool aidant. Jack avait passé la semaine suivante avec elle à lui faire découvrir les endroits les plus en vogue de la ville. Elle était en enième pause avec Zach et s'était hyperattachée à Lula, très très rapidement. Jack était souvent d'humeur changeante, s'attachant vite et changeant de groupe de copains comme de culotte La Perla - quand elle portait bien sûr. Du coup, elle s'était contentée de vivre à fond cette histoire bizarre qui n'en était pas une sans se poser de questions. Les deux filles étaient restées plus ou moins en contact après le départ de Lula et Jack lui téléphonait plutôt régulièrement, pour une inconstante comme elle. Les yeux écarquillés, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire face au grotesque de la situation avant de serrer Louise dans ses bras, sans aucune retenue, avec tout l'exagération qui la caractérisait, un peu comme si elle retrouvait sa meilleure amie, malade, disparue, et présumée morte après trois siècle d'errance. En gros. Jack était maintenant survoltée, et remontée à bloc. Avec Lula dans les parages, impossible de s'ennuyer. L'inaction serait bannie, sous toutes ses formes. Mais là, maintenant, tout de suite, il lui fallait sa clope, bordel. D'un ton enjoué, presque chantant et sourire enfantin ne quittant pas ses lèvres ourlées, Jack inonda son amie d'un flot de paroles aussi attendrissant qu'il pouvait être agaçant.

- Pour une surprise... c'est une surprise ! Et une bonne en plus. Mon Dieu Lula, si je m'attendais à te voir ici... C'est dingue. Je ne pensais pas qu'Hawaii était subitement devenu si hype. Hon', tu es à tomber et j'adore tes chaussures, elles sont fabuleuses. Jack se tut l'espace d'un instant afin de reprendre son souffle et extirpa la cigarette des lèvres de Lula, afin d'en tirer une bouffée salvatrice. J'ai oublié mon paquet et j'étais au bord de l'agonie, genre. Heureusement que tu tombes à pic. Ca me fait super plaisir de te voir ici, au moins avec toi, il y aura de l'ambiance. Parce que je suis venue avec Zach mais on est en froid en ce moment et les gens de l'hôtel où je suis ne sont pas des plus sympas. Enfin, je te raconterai. Je t'offre un verre ?


[Désolée pour cette bouse j'ai été interrompue plusieurs fois tout ça, du coup c'est nul, brouillon, moche et caca. Me suis pas relue j'ai trop honte, je me rattrape au prochain (aa)]

La brise était légère et très agréable, elle carressait le visage de Lula qui ferma les yeux quelques instants pour apprécier l'odeur de canne à sucre si caractéristique d'Hawaii. Son esprit divaguait, elle passait d'un état d'esprit à un autre en un temps record, et ne savait plus vraiment où donner de la tête. Les antidépresseurs, s'ils la faisaient dormir, ne la rassuraient pas pour autant. Lula était généralement dans un état presque lymphatique, ne trouvant plus l'énergie de rien faire, souvent même incapable de réfléchir clairement à ce qui la tracassait, la bloquait. Elle était fatiguée de ce traîtement sans fin et commençait à ne plus voir l'intérêt d'être sous Xanax ; ça lui donnait juste l'impression d'être dans du coton, et c'était un peu étrange. Après quelques semaines de sagesse relative - Louise ne pouvait tout bonnement pas être véritablement calme -, la jeune fille avait envie de s'amuser à nouveau, de tester ses limites et de relâcher un peu la pression qu'elle s'était mise toute seule. Lula avait tendance à trop exiger d'elle même, si bien qu'elle culpabilisait dès qu'elle faisait un écart, sans pour autant avoir assez de force pour s'empêcher de dévier du droit chemin.
Elle fut sortie de ses rêveries lorsqu'elle entendut une voix qui lui était étrangement familière... Jack Golding en personne se tenait devant elle, majestueuse, un immense sourire collé sur les lèvres. Lula ne put s'empêcher d'éclater de rire, elle était surprise mais ravie de voir la jeune femme, avec qui elle avait un peu perdu contact lors de sa déprime passagère.
Jack se lança dans un speech - qui confirma qu'elle était toujours la même fille spontanée, vive et enthousiaste qui avait plu à Lula lors de leur rencontre -, et retira la cigarette des lèvres de Louise avant d'embrayer sur le sujet Zachary, pour enfin lui proposer de boire un verre.
Oh que oui, elle comptait bien boire un cocktail avec Jack, en souvenir du bon vieux temps, et parce que leur tandem infernal ne connaissait pas la crise. Elle ne pouvait tout de même pas faire la rabat-joie de base, et n’en avait évidemment pas envie. La soirée s’annonçait bien plus amusante maintenant que miss Golding venait de faire son apparition.

-Attends, pince-moi, je rêve. Jack ! Espèce de cagole californienne, qu’est-ce que tu fous ici ? T’es super hot, et laisse moi te dire que Zach doit regretter que vous soyez en froid, je suis certaine que t’attires les touristes milliardaires comme des moucherons.

En prononçant ses derniers mots, lula lâcha un petit rire vicelard étrange – appelons ça un rire nerveux – , avant de renchaîner :

- Wooo mais un peu que tu me payes un verre ! Et après je suggère que nous nous mettions en quête d’autres excitants si tu vois ce que je veux dire, et cette fois, je serai celle qui régalerai. Je sais c’est mal et je sais je suis sous Xanax mais te voir là ici ce soir fouinasse, ça me met dans tous mes états. Bon allez bouge toi vers le bar et raconte moi ce qui c’est passé avec Zach.

Lula n’avait pas pour habitude de lire les journaux people, c’était, à ses yeux, un ramassis d’immondices mal écrit. De la lecture pour beaufs, crétins, bref, pas le genre de choses auxquelles elles s’intéressaient. D’autant plus que les pages shoppings étaient tout bonnement à chier. Comment des rédactrices « mode » pouvaient-elles encore placer du Old Navy dans leurs parutions ? Bouh, rien que d’y penser, ça lui collait des frissons.
Elle n’était donc pas au courant des histoires de couple de son amie, et c’était mieux comme ça. Suivre la vie de Jack à travers les tabloïds aurait été à la limite du voyeurisme.
Miss Golding était la fille d’un acteur hollywoodien célèbre, franchement canon, qui gagnait à chacun de ses films des cachets à la limite de l’indécence. Elle figurait donc en pôle position lorsqu’il s’agissait de paparazzi. Epiée en permanence, Jack avait la chance d’être assez intelligente et d’avoir assez de recul pour ne pas faire un « burn-out » à la Britney Spears. Ce qui n’aurait probablement pas été le cas de Lula, qui, harcelée comme Jack l’était, aurait probablement pété un câble. Elle se sentit soudainement assez chanceuse dans son malheur, et s’imagina quelques instants sans cheveux, bourrée de graisse et sapée en Guess… Affreux. Pour le moment, Lula ne risquait pas trop de devenir un désastre ambulant, elle n’était tout de même pas trop sujette aux attaques de paparazzi. Son milieu était un peu trop loin du cliquant d’hollywood, c’était aussi sulfureux, mais différent. Bien moins connu du grand public, plus arty torturé, mais tout aussi bourré de fric. Le New York branché n’était pas aussi bohème qu’il prétendait l’être, les gens étaient peut-être même plus prétentieux, barrés dans un délire de pseudo intelligentsia franchement ridicule. Mais bon, Lula ne crachait pas non plus dans la soupe. Elle avait un minimum de discernement, c’était déjà ça, et maligne comme elle était, Lula savait aussi mettre la situation à son avantage et jouer de sa situation de socialite lorsqu’elle en trouvait l’utilité.
Retrouver Jack ici était réellement une surprise, Lula était ravie d’avoir enfin trouvé quelqu’un de léger avec qui s’amuser et penser à autre chose qu’à Peter, qui l’obsédait d’autant plus qu’il était loin d’elle.
Elle jeta négligemment son mégot d’une pichenette et attrapa son amie par le bras, l’entraînant dans le bar sombre pour aller boire un verre. Une fois attablée au bar, elle commanda deux shots de vodka strawberry. Voilà qui les mettrait d’aplomb.

- Trinquons à nos retrouvailles, Golding, et à la fête de ce soir ! Je suis hypra motivée. Elle avala son shot d’une traîte et enchaîna. Alors, c’est quoi cette histoire avec Zach ?