With your smart mouth and your killer hands (ANABEL)

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L'ours semblait enfin s'être arraché de sa tanière. L'ours, c'était Liam. La tanière, c'était sa chambre d'hôtel dans laquelle il s'était barricadé à triple tours depuis son arrivée sur l'archipel. En fait, il lui avait fallu un temps d'adaptation à son nouvel environnement - un peu comme les animaux, oui oui -, Hawaii étant une ville radicalement différente de Los Angeles. Mais, maintenant qu'il commençait à trouver quelques repères et à connaître suffisamment tous les recoins du Westin Maui Resort, Liam s'était dit qu'il pourrait peut-être aller faire un petit tour dans les parages, histoire de se dégourdir un peu les pattes. Il avait donc enfilé un vieux t shirt délavé, chiffonné et complètement défoncé sur un jean troué et s'était rapidement téléporté dans la rue. Il avait d'abord trainassé dans les rues de Lahaina, qui s'était révélée être une ville tout à fait charmante dans le genre détente et exotisme, puis il était entré s'asseoir dans un petit bar près de la plage. Il les avait rencontrés là-bas. Deux types et une fille, tous fraîchement débarqués d'Australie avec leurs sourires blancs comme la neige et leurs cheveux blonds comme les blés. Bien sûr, ils savaient tous surfer. De véritables clichés, quoi. Ils étaient en train de jouer au beach volley sur le sable quand la balle avait soudain valsé dans la direction de Liam. Sans trop réfléchir, il la leur avait renvoyée, ce qui avait sans doute dû faire bonne impression aux australiens puisqu'ils s'étaient tous ramenés en souriant pour l'inviter à se joindre à eux. Un peu mal à l'aise, Liam avait d'abord décliné : " Non non, c'est bon, je bois un soda, là.. Allez-y. " et puis il s'était laissé gagner par l'enthousiasme collectif de la joyeuse bande. Alors il avait accepté. Et, finalement, il avait même passé l'entière journée en leur compagnie. La fille était particulièrement loquace ; Liam se demande même à un moment si elle ne prenait pas de dope ou quelque chose dans le genre. Mais non, elle semblait naturellement espiègle et volubile. Croyez-le ou non, c'était vraiment détendant. Quand les australiens avaient proposé à Liam de venir au World avec eux, il n'avait donc pas vraiment hésité. Ces cinq jours passés à l'hôtel l'avaient bien ressourcés, il avait maintenant besoin de contacts, de vrais contacts.

L'endroit était bondé. La musique s'infiltrait dans chaque partie du corps de Liam, lui vrillant les tympans mais aussi les entrailles. L'ambiance, elle, était vraiment transcendante : il y avait cette sorte d'électricité dans l'air qui échauffait les corps et les esprits. Le groupe qui se produisait provenait de la nouvelle scène américaine et mixait un son électro pop juste absolument absolu. Liam se sentait vraiment bien, un peu perdu dans la foule, et pourtant dieu seul savait combien il détestait ce genre d'endroit over-crowded. A Los Angeles, il se rendait principalement dans de petits night-clubs discrets ou alors dans les modestes lounge bars de son quartier, mais il fréquentait très peu les grandes salles de concert. Néanmoins, il reconnaissait que les australiens avaient décidemment un bon sens de la fête ; non seulement ils avaient choisi un excellent show mais, en plus, ils savaient profiter de l'instant présent en lançant des pogos incommensurables au cours desquels minimum trois personnes s'évanouissaient sous le coup de l'émotion. La fille se déhanchait d'ailleurs superbement bien et n'hésitait pas même à crier les paroles des chansons que visiblement elle connaissait. Magnétisé, Liam la regardait, un peu en retrait, un peu dans l'ombre de la salle, et tentait de faire face aux assauts répétés d'un type mexicain qui tenait à tout prix à lui vendre de la drogue. Finalement excédé, il repoussa le dealer et se dirigea vers le bar afin de commander quelque chose.

Une fois qu'il eut passé sa commande, il se retourna et s'accouda au comptoir afin de fouiller la salle des yeux. Bien qu'elle soit très sombre, il pouvait apercevoir les visages de certaines personne, tantôt illuminés par un rire, parfois au contraire profondément concentrés sur la musique. Quand il croisa le regard de l'australienne, elle lui sourit gaiement et agita le bras dans sa direction avec un clin d'oeil suggestif, mais bientôt Liam parut intrigué par une toute autre jeune femme. Celle-ci était plantée devant une des colonnes de la salle, un verre à la main, et semblait observer les mains du guitariste courir sur son instrument. D'abord, Liam ne lui trouva qu'un léger air de ressemblance mais, au fur et à mesure qu'il la détaillait du coin de l'oeil, il se rendit rapidement à l'évidence : ça ne pouvait être qu'elle. Anabel, Anabel Whitmore. Oh putain. Son pire cauchemar. C'était sans doute une blague. Cette fille, c'était simplement l'individu que Liam désirait le moins revoir au monde de toute sa vie. Cette fille, c'était celle qui, du temps où ils entretenaient une relation, lui avait ôté toute indépendance et toute liberté. Cette fille, c'était celle qui avait voulu qu'il reste auprès d'elle chaque fantôme de fragment d'étincelle de germe de soupçon d'un iota d'une ombre de particule de seconde d'une journée. Bref, cette fille, c'était l'incarnation, le mythe, le symbole, l'allégorie de ce que tout jeune homme en quête d'autonomie redoutait un jour de rencontrer. Et, bien évidemment, il avait fallu qu'il sorte avec elle. Deux mois, leur " amourette " avait simplement duré deux moi. Mais cela avait amplement suffit pour que Liam se sente emprisonné, mis en cage, littéralement enterré vivant. Il n'avait pas supporté. Du jour au lendemain, il s'était barré. Il l'avait plantée, oh oui, il l'avait lâchement plantée. Mais il n'en pouvait plus, il avait besoin de s'évader. De toutes les façons, il ne l'avait jamais vraiment considérée comme une vraie copine, juste comme une sexfriend, en fait. Elle, en revanche, elle était carrément devenue folle. Il se rappelait encore de ce qu'elle lui avait balancé à la gueule : " Que tu le veuilles ou non, ça me tuera. Tu m'en crois peut être incapable, tu crois peut être que je suis incapable de mourir pour quelqu'un comme toi mais tu te trompes. Tu es tellement stupide, je te déteste mais je mourrais pour toi. Reviens, et je te jure que je saurais te pardonner. Si tu prends cet ascenseur c'est est fini de ta vie Liam. " Et maintenant, la voilà qui était dans la même ville, dans le même endroit, plus précisément à tout juste vingt mètres d'elle. D'ailleurs, elle venait de l'apercevoir. Ca allait être.. amusant Laughing

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Elle devait s'aérer la tête, l'esprit, se dégourdir les jambes et tenter d'oublier que ses vacances étaient gâchées par une vieille blonde en manque de sexe qui avait jeté son dévolu sur son copain. Ouais, enfin bon, c'était comme ça qu'elle la voyait. Anabel était trop dans l'excès pour se rendre compte de ses propres défauts et pour admettre que - peut être - Janis était réellement amoureuse de Lucas, et que celui ci souffrait réellement de la séparation d'avec sa professeur de littérature. Mais non, dans l'esprit de la blondinette, elle était une victime et la vie s'acharnait sur elle ; l'abandonnant à son triste sort. Enfin bon, ce soir, elle devait bouger. Et seule de préférence. Passer une soirée plus ou moins acceptable par exemple... Pourquoi pas au World. L'alcool et la drogue y étaient présents en quantité plus qu'astronomiques et ce pour des prix abordables - ou du moins, moins cher qu'ailleurs - et rien que ce dernier point titillait tout l'intérêt de la jeune blonde. En plus, il paraissait qu'il y avait une ambiance de fous là bas et que la musique y était excellente. C'était exactement le genre d'endroit dont elle avait besoin. C'est pour ça qu'elle se prépara avec soin, brossant ses cheveux blonds comme les blés lentement et délicatement, prenant le temps de choisir chaque morceau de sa tenue. C'était une première pour l'éternelle pressée qu'elle était. Mais au bout d'une heure et trois quart de préparation intense, elle fut excédée. C'est bon, elle allait pas non plus rencontrer quelque personne importante et là, elle était franchement habillée comme pour aller à un gala. C'était trop nul quoi, c'était pas elle. On aurait dit un des modèles de ménagère blonde heureuse et rangée qui posent pour les catalogues Ikea. Effrayant, ouais. C'est donc avec rage et détermination qu'elle se lava les cheveux éliminant toute trace de brushing et qu'elle avait passé tant de temps à faire. Elle sourit, prenant une dizaine de minutes pour réparer les "dégâts". Ha voila, c'était tellement mieux comme ça. Remontée à bloc, elle s'alluma une clope et partit en direction du Club.

L'air frais lui fouettait le visage et lui faisait un bien fou. La route jusqu'au club était rapide mais pas trop, juste le temps qu'il lui fallait pour se mettre en condition. Retirer ses idées de vengeance de son cerveau, abandonner pour le temps d'une soirée ses pensées amères et destructrices. Le temps d'une soirée, tenter de se comporter en être humain et non en machine amoureuse, détruisant tout obstacle sur son passage et dans sillage. Faire le vide quoi. Être quelqu'un d'autre juste le temps d'une soirée, sans conséquences et sans regrets, voila exactement ce dont elle avait besoin. Mot pour mot. Il n'y avait plus qu'à mettre en application et prendre du bon temps. Profiter de ses vacances en oubliant Liam, Janis, et... Lucas. Même si ce dernier était tellement présent dans ses pensées qu'elle avait du mal à l'en retirer. Mais bon. Elle entra dans le club, un sourire mutin sur les lèvres. La soirée pouvait commencer, et ça, c'était bon. Elle prit un ver au bar et se dirigea vers un des piliers au centre. Plusieurs regards se tournèrent vers elle. Elle était jolie, elle le savait. Une beauté angélique, mutine, parfaite. Mais qui cachait bien des défauts. Un des hommes qui l'avait regardée vint l'aborder, lui demandant si elle avait soif. Elle finit son premier verre d'une traite, lui adressant un clin d'oeil complice et lui demande d'aller lui chercher une autre boisson. Il s'exécuta et elle ne patienta pas là, comme ça. Elle s'alluma une autre clope et se dirigea vers le bar, jouant des coudes pour y arriver rapidement. Elle s'assit au bar, prit plusieurs consommations, et s'en fit payer quelque une. Elle gagna aussi le numéro du barman, et d'un gars qui l'avait gentiment abordée. Le genre un peu sensible et torturé qui visiblement ne se sentait pas du tout à sa place dans un club comme celui ci ou le vice était présente à chaque regard écarquillé.

Elle finit par quitter le bar et la tranquille convivialité qui y régnait et rejoignit le centre de la salle, une boisson à la main. Elle allait la finir d'une traite quand ses yeux croisèrent ceux de... Liam Bailey. Son ex, celui qu'elle avait menacé de mot quand il l'avait lâchement laissée tombée, et l'ex en question qu'elle voulait tuer de manière horrible, celui qu'elle avait aimé de la moindre parcelle de son âme, de sa conscience, de son corps et de son coeur. Ouais, elle avait vraiment été amoureuse de lui, et maintenant il allait payer de s'être foutue de sa gueule. Vraiment, c'était l'occasion dont elle rêvait depuis tant de temps. Depuis ce fameux jour ou elle lui avait balancé toutes ses menaces à la gueule, avant de tenter de se suicider par dépit, et par douleur. Parce que Ho Oui, elle avait souffert. Plus que Liam ne pouvait l'imaginer, le concevoir. Mais qu'importe, elle allait lui montrer à quel point un coeur réduit en miettes peut faire mal. Elle lui arracherait le coeur de ses propres mains s'il le fallait - on a jamais dit qu'Anabel était gentille (a) - juste pour lui faire aussi mal qu'elle avait eu mal. La réciprocité de toute relation. Elle s'approcha de lui, ses yeux lançant des éclairs et chaque parcelle de sa peau translucide éclatant sous le désir et l'avidité de sa vengeance. Elle arriva à sa hauteur et s'approcha de son oreille, comme pour lui sussurer quelque chose mais au dernier moment, lui sait fermement le poignet, sentait ses ongles s'enfoncer légèrement dans sa peau. Elle voulait qu'il ressente sa poigne, qu'il sente sa peau le picoter. Un avant gout, en quelque sorte. Elle l'entraîna derrière elle, dans un couloir miteux et franchement pas net quelque part derrière le bar. C'en était fini de Liam Bailey, muhahaha.

« Quelle drôle de surprise. Alors, pas forcèment impatient de me voir, hein ? »

» ANABEL ; links.
» anabel ; the desctuction by lovefool.