A. WOODS ; cynical journalist or soldier of love

[#] Expérience 6.2.6, Sujet n°05.
• État Civil :

Alexander Swann Woods, né Alexander Harry Callahan ; a changé de nom à l'âge de dix sept ans, reprenant le nom de jeune fille de sa mère (usage journalistique) ;
25 ans, né un 11 septembre ;
Californien, né à Los Angeles, de nationalité américaine ;
Célibataire, Fils unique, Mère Décédée ;
Journaliste politique pour le Los Angeles Times.

• Lieu d'Habitation : Los Angeles, Californie.

• Principales caractéristiques :

CYNIQUE ; on confond souvent cynisme et sarcasme, Alexander, lui, est non seulement doté des deux mais s'efforce de démontrer clairement la différence. Plus désenchanté qu'il est gratuit, plus humble qu'il est blessant, il est pourvu de cette étrange faculté de témoigner autant d'audace que de leçons, toujours avec une sorte de désinvolture qui lui colle à la peau et fait, tout bonnement, sa marque de fabrique.
ENTIER ; inutile d'essayer d'entacher ses convictions et ses opinions, le californien est profondément attaché à ses points de vue et ne démordrait jamais de ses positions, que ce soit pour de l'absurde ou de la raison. En règle général, envisager de le faire changer d'avis relève du treizième travail d'Hercule.
BORNÉ ; la contre partie de son intégrité n'est autre qu'un entêtement quasi mécanique. Si le cynisme est censé lui ouvrir l'esprit, Alexander est malheureusement, et paradoxalement, quelqu'un d'aussi déterminé, persévérant qu'il est obtus. Difficile de le faire changer d'idée, oui. Impossible même.
IMPLIQUÉ ; professionnel et dévoué, il prend très à coeur ce qu'il fait et le fait toujours de son début jusqu'à la fin. Il n'a aucun mal à sacrifier sommeil, repas et loisir pour le bien de ce qu'il entreprend. Son implication n'a de limite que la camisole de force... à peu près.
FRANC ; il dit ce qu'il pense, il pense ce qu'il dit, et personne ne peut l'ignorer. Il est délicat de confondre sincérité et franchise avec lui étant donné qu'il peut cruellement manquer de subtilité lorsqu'il dit vérités ou semblants de vérité.
IRRÉVÉRENCIEUX ; on peut lui trouver quelque chose de puéril, mais c'est uniquement parce qu'il a conservé l'arrogance, l'audace et l'anticonformisme d'un adolescent dans le seul but de faire réagir, quitte à choquer. Franchir les limites, les repousser, et tout cela avec aplomb, Alexander le fait remarquablement bien.
JUSTE ; loin d'être gratuit, il est, au contraire, très juste dans ses dires et actions. Il réfléchit avant de porter un jugement et s'efforce toujours d'être compréhensif. Tant que cela lui apparaît comme possible, il agit avec justice. Il semble profondément attaché, en outre, à une image usée de justicier réhabilitée pour l'époque moderne dans laquelle il évolue.
SOLITAIRE ; son implication professionnelle le dispense de beaucoup de sorties et le désavoue devant beaucoup également. Il n'a pas beaucoup d'amis, guère davantage d'amant(e)s et s'en porte tout aussi bien ainsi. Ceci expliquant cela, il semble accepter la solitude sans pour autant la chercher.
JOUEUR ; à nager dans un monde d'apparences et de stratagèmes, Alexander a apprivoisé un certain nombre de codes et d'attitudes. Chaque nouvelle personne à rappeler à la réalité lui apparaît comme un nouveau défi qu'il doit relever et réussir. Malicieux et malin, il a d'autant un quelque chose de puéril qu'il semble nager dans une sphère de mentalités enfantines.
DÉSENCHANTÉ ; désabusé depuis longtemps, Alexander s'est trop souvent senti trompé, victime de mauvais jeux, si bien qu'il est quasiment incapable de croire aux rêves trop colorés, aux espoirs trop faciles et surtout aux histoires d'amour, de vérité, de sublime... tout autant d'images trop lisses qu'il voit importer de films Disney. Son monde n'est pas sombre, certes pas, mais il a cessé de croire, il y a longtemps, que l'Homme était bon par nature, qu'il avait marché sur la Lune en 69 (et que le Kama Sutra était un cocktail).

• Observations : Ce n'est pas qu'Alexander ne soit pas fait pour l'Amour, comme il le croit, mais seulement qu'il ne veut pas admettre qu'il tombe amoureux de femmes, non seulement lui donnant des perspectives d'impossible mais, ayant surtout pour elles un talent d'exception dans la prétention, l'arrogance, l'égocentrisme et tout ce qu'il peut bien détester et s'évertuer à éroder au jour le jour. Si un individu peut démontrer que l'Amour semble autant composer d'attirance que de répulsion, c'est exactement Alexander Swann Woods.
Il suffit d'observer quelques cas pratiques pour le comprendre.
Jack Golding, dont il s'efforce de briser l'image de marque par le biais de son blog. Ses critiques les plus acérées et ses démonstrations de force les plus marquantes étaient destinées à la jeune femme pour qui il croit nourrit un mépris doublé d'une haine absolument transcendante. Chaque fois qu'ils sont au contact l'un de l'autre, il est impossible de garder les lions qui leur servent d'instinct en cage ; leurs entretiens peuvent amuser autant que diviser, dans la mesure où l'un juge avec autant de justesse que d'arbitraire quelques fois et que l'autre fait preuve de plus de susceptibilité que de réelle répartie. Quoi qu'il en soit, beaucoup autour d'eux parlent de tension sexuelle et Alexander, s'attachant souvent à le nier, en a bel et bien conscience. Quelle que soit leur réelle corrélation, se dissimuler derrière une haine proprement viscérale témoigne de l'habitude du jeune Woods à trouver le conflit là où tout autre trouverait l'entente et la guerre là où d'autres trouveraient l'amour.
Cela dit, Jack n'est qu'un exemple du genre, dans la mesure où Alexander a déjà connu pareille connivence auprès de Peaches Nichols. En effet, du temps du lycée, le jeune rédacteur du journal de l'établissement, fils du proviseur et preuve du marginalisme lycéen, ne s'était rien de moins qu'entiché de la Queen Bee. Tout ce que l'on faisait de plus détestable à ses yeux à l'époque, Peaches venait joyeusement l'incarner. Non seulement il prenait plaisir à s'attaquer à son image aussi lisse que celles de ses semblables, mais il avait été jusqu'à la courtiser quasi ouvertement. Sans surprise aucune - pour lui ou qui que ce soit - il reçut refus sur refus, s'entêtant d'autant plus. Traduction ? Alexander a toujours trouvé plus de satisfaction dans la difficulté et l'impossible que dans l'inverse. En tous les cas, en dépits de sa mécanique intellectuelle le mettant toujours aux antipodes des femmes dont il pouvait tomber amoureux, il n'a jamais cessé. Pourtant, cette anecdote précise aurait pu le dégoûter dans la mesure où le petit ami de Peaches s'était attaché à la lui faire oublier. Chose réussie dans une certaine mesure. En tous les cas, le pense-t-il.
Indubitablement, donc, l'illustre exemple de l'Amour impossible, Alexander a toujours affiché ses joies à n'être à aucune histoire tranquillement imposée. Olivia Jones, sa plus récente petite amie et ex désormais, avait eu la chance de le prendre dans ses filets. En tous les cas, ils le crurent en premier lieu. Il s'avéra que non seulement Olivia était trop impliquée pour lui dans une histoire qu'il abordait déjà difficilement avec sérieux, mais qu'il était, également, absolument plus intéressé par son travail que des romances obsessionnelles. Soit sa relation n'était pas suffisamment complexe à ses yeux, soit il était tout simplement convaincu encore alors que sa carrière primait sur sa vie privée.
Quoi qu'il en soit, ces trois exemples pratiques reflètent à eux seuls l'attitude qu'Alexander a tendances à adopter avec les femmes, qu'elles aient une corrélation réelle avec lui ou non. Incapable, ou presque, d'avoir une relation saine avec une femme, il n'est pas étonnant, fondamentalement, qu'il soit encore célibataire. Notamment avec une telle mentalité.

• Conclusion : Ryan Eggold

III. RP

Citation :

Revenons quelques années en arrière. Alexander est un lycéen marginal, loin de ses camarades aussi fortunés qu'imbus d'eux même. Pourtant, il aime secrètement la pire d'entre eux : Peaches. Têtu, il continue de l'inviter à sortir, s'amusant de ses mépris et de ses répliques assassines, comme si elle s'adressait à un insecte nuisible, ou à un vulgaire parasite. Cette fois encore, il débute la conversation d'un air détaché, comme si il se fichait au fond de sa réponse. Peaches semble différente, et n'esquisse qu'un sourire étrange à la place de ses railleries, comme si elle était conquise, ou au contraire, à la tête d'une conspiration ridicule dont elle a le secret. L'arrivée de son chien de garde petit ami semble confirmer la seconde hypothèse et Alexander ne voit pas arriver le coup qu'on s'apprête à lui asséner... Décris la scène, la réaction d'Alexander, des autres protagonistes et surtout ses sentiments face à l'humiliation de Peaches.

S’il n’avait préalablement pas compris ce que dissimulait cet air particulièrement singulier qu’elle ne cessait d’arborer, Alexander fût cependant rapidement fixé. Ce fût le cas de dire, dans la mesure où le petit ami de Peaches - et accessoirement quaterback de l’équipe du lycée - se détacha au loin, ou plutôt au tournant du couloir qui précédait leurs positions. Le jeune Woods, aussi plein d’aplomb qu’il était désormais hésitant, dévisagea la jeune fille sans réellement savoir s’il devait continuer ou reculer, persévérer ou rendre les armes. Bien qu’une jeune amie appelée « conscience » lui murmura de tourner les talons et de s’en aller avant de ne devoir payer irréversiblement le prix de ses audaces, il fit le choix de demeurer et d’attendre. La jolie - et surtout arrogante - pompon girl, elle, demeura à les observer alternativement, comme n’importe qui l’aurait fait pour un match de boxe à venir ou quelque chose du même acabit. Ce fût sans doute cette attitude qui désarçonna quelque peu Alexander dans son impudence.

« Alexander Woods, jeta le quaterback désormais à un pas au plus ( il se plaça scrupuleusement derrière Peaches).
- Alexander Swann Woods, le reprit le concerné avec autant d’arrogance qu’il en put mettre. »

Par nature, Alexander n’était pas tellement provocant, mais s’efforçait plutôt d’utiliser la provocation. La différence se faisait là où il utilisait celle-ci contre certaines personnes et non contre d’autres. Quand cet idiot qui servait de petit ami à Peaches provoquait absolument n’importe qui en vertu de sa masse musculaire cent fois plus importante que la proportion utilisable de son cerveau, le jeune rédacteur du journal lycéen s’en servait contre ceux qui, à défaut de pouvoir être raisonné, ne réagissait qu’au contact de leur image craquelée par un tiers.
Le quaterback ne s’en rappelait sans doute pas, mais lui et Alexander avait déjà eu des démêlés. Aux vues de l’issue, il était d’autant souhaitable qu’il ne s’en rappelle d’ailleurs pas.

Levant à moitié les bras et esquissant sur son visage un air prétendant « Et alors quoi ? », Alexander attendit l’envers de l’intention qui avait conduit cet odieux personnage stéréotypée à venir interrompre une conversation de la plus haute importance. A cet instant, le jeune Woods était plus occupé à observer Peaches et ce petit air aussi satisfait qu’il était mystérieux qu’à prévoir le poing serré de son petit ami.
Ce fût une erreur pour le moins fatale, dans la mesure où non seulement il n’eut pas le temps de réagir mais que la surprise le garda bien de réagir ensuite également. Quand le quaterback lui eut asséné le premier coup de poing - qui s’avéra être le premier d’une longue série - Alexander se retrouva quasi instantanément au sol. S’il avait de la verbe, de la lettre et de l’audace, il n’avait certes pas le gabarit de son adversaire. Quand il crut bon de se redresser, il n’eut qu’un rappel de sa première atteinte. Qu’il eut envie de se défendre n’y changea rien, chaque coup qu’il tenta de porter fût absolument vain et arracha même un rire à son adversaire qui, sans doute - parce qu’Alexander ne voulait plus croiser l’outrageux regard de Peaches en cet instant - devait être accompagné de celui de sa petite amie.

« S’il te prend encore l’envie de draguer ma petite amie, je reviendrais.
- Ton phrasé… (Alexander recula de deux pas, mains à l’abdomen) témoigne d’une quasi intelligence. Quand on pense que tu ne pourrais être admis dans aucune fac pour autre chose que ton jeu… [/(cette fois, il redressa la tête mais son visage fût si plein de colère qu’il en perdit tout ce à quoi l’on pouvait être habitué chez lui) tu risques de refaire un an par ici, vu les résultats obtenus au championnat cette année. »

Sans doute Peaches, le connaissant davantage, comprit aisément qu’Alexander avait perdu toute sa superbe pour utiliser des arguments aussi futiles qu’ils étaient stupides, et la colère, témoin de son humiliation, y était pour beaucoup. La violence n’était pas l’arme des faibles ? Ou celle de ceux qui n’ont plus rien à dire ? Somme toute, tout le monde savait, et Alexander le premier, que la seule arme qui lui servirait jamais était celle des mots et qu’il ne saurait en utiliser aucune autre. De fait, qu’il fût battu sans possibilité d’y répondre le blessa particulièrement.
Le quaterback, lui, guère stupide finalement mais susceptible quand l’on peut s’y attendre, revint vers lui pour le punir de ce nouvel affront, chose qu’Alexander évita cependant. Tel un lâche - et ce fût un de ses souvenirs de lycée les plus regrettables et regrettés - il tourna les talons et s’enfuit en courant. Ce n’était pas seulement un quaterback qu’il fuyait, mais une fille également, une fille qu’il ne souhaitait ne plus jamais revoir.

Se faufilant dans le dédale des couloirs, il rejoignit l’aile de l’administration mais, au lieu de se diriger vers l’infirmerie comme n’importe qui l’aurait fait aux vues de ce qui était plus que de simples égratignures, il prit le chemin du bureau de son père. Dénonciateur ? Si Alexander était vexé, blessé et profondément humilié, il ne l’était pas tant qu’il aurait utilisé d’une telle arme. Au lieu de cela, quand il pénétra dans la pièce, il s’assura qu’elle était vide et non l’inverse. Passant de l’autre côté du bureau et essuya le sang perlant à la commissure de ses lèvres, il ouvrit quelques fenêtres, se faufilant entre les dossiers et, à renforts d’indiscrétions préalables, défit les mots de passe et sélectionna quelques informations. Il glissa le tout dans un mail qu’il dirigea à l’intention du bureau de rédaction du journal dont il ferait mine de prendre connaissance innocemment.
Au commencement de la semaine prochaine, l’on pourrait lire en première page « Être quaterback, pour les nuls », le titre joint d’un article détaillant minutieusement tant les résultats sportifs que scolaires du petit ami de Peaches. Pour une fin d’année, Alexander n’aurait pu faire mieux… tout cela avec un bal fort prometteur.

« Je peux savoir ce que tu fais derrière mon bureau ? Interrogea Woods père (Alexander arborait un air décontracté et confiant).
- Une recherche d’informations compromettantes au sujet du proviseur du lycée. Savais-tu que son péché n’était autre que les longs dimanche après midi derrière une série télévisée de sous classement traitant des Feux de l’Amour version adolescente ? Et tout cela avec la complicité d’un fils affligé ?
- Au lieu de faire le malin, lui confia son père dans un sourire, rends-moi mon bureau et va en cours.
- Tu ne me demandes pas pourquoi j’ai toutes ces marques de coups ?
- Eh bien… (son père lui tendit un exemplaire du journal du lycée qui présentait sa dernière critique hautement assassine du goût sélectif du bal lycéen) je suppose que tu devais t’y attendre.
- Pas tellement, fit Alexander en lui rendant sa place. En réalité… je ne l’avais même pas vu venir. »

Son pas le dirigeant vers le couloir, son père ne sentit pas même son amertume et sa satisfaction mêlées.