Conseils d'

Mon titre ne veut pas s'afficher, bordel. Donc : conseil d' "amie", pour Callie.

Kyle. Kyle. Kyle. Pourquoi fallait-il qu’il soit ici, à Hawaii, en compagnie de cette … ? Lexie les détestait tout autant tous les deux. Eux et leur bonheur qui ne tenait qu’à un fil. Bientôt, ils plongeront. Et Callie se blesserait. On n’empêchait pas Lexie de vivre sa vie comme elle l’entendait, avec les gens qu’elle aimait. Car oui, la jolie blonde aimait Kyle. Elle l’aimait jusqu’à le haïr. De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas après tout. Et sans cesse, elle gravissait cette limite. Sans cesse, elle se heurtait à leur désir. Sans cesse, elle se heurtait à un mur. Il ne se laissait plus aller lorsque Callie était dans le coin. Il n’était plus le même. Il n’était plus l’homme qui, de ses coups de reins, donnait un rythme à ses nuits. Il devenait mielleux à en dégoûter Lexie. Callie ne méritait pas tous ses mots d’amour. Elle ne méritait même pas tout ce bonheur, bien que faux. Lexie ne rêvait qu’une seule chose : que cette garce se brise les ailes. Et plus, si possible. Allongée dans les draps de soie de son lit, vêtue d’une petite culotte de la même matière, Lexie contemplait le plafond. Qui était-elle pour vouloir à ce point le malheur des autres ? Elle se savait méchante à souhait. Mais était-ce de sa faute ? Elle n’avait pas à culpabiliser. Après tout, avait-elle choisi de souffrir de la simple présence d’hommes dans sa vie ? Avait-elle choisir de tomber amoureuse des mauvaises personnes ? Choisit-on vraiment l’amour ? La liberté n’existait plus en matière de sentiments. Personne ne pouvait forcer son cœur à aimer tel ou tel être, ni même à la détester. L’amour nous tombe tous dessus sans qu’on puisse lutter. Autrefois, Lexie avait tant lutter. Aujourd’hui, elle n’avait plus la force. Elle le savait, cette relation qui la liait à Kyle, l’anéantirait. C’est pourquoi il fallait qu’elle agisse. Callie ou Lexie devrait y passer. C’était ainsi, comme écrit dans les pages du Destin. Lexie y croyait dur comme fer. Elle ne portait pas le nom de Lowell pour rien, elle parviendrait à ses fins.

Tournant la tête vers le réveil posé sur la table de nuit, elle poussa un soupir. Quinze heures et quinze minutes. Elle adorait lorsque heure et minute étaient semblables. Mais il était temps pour elle de se lever. Repoussant le drap au pied du lit, elle s’assit au bord du lit. Depuis cet endroit, elle pouvait apercevoir la piscine. Elle se redressa, et s’approcha de la fenêtre. Plus bas, des enfants riaient, des mères veillaient, des couples s’embrassaient. Et dans un coin, une brunette lisait. Un sourire plutôt sadique se dessina sur les lèvres de la jolie blonde, qui rejoignit la douche. Elle venait de trouver l’occupation de son après midi.

Avançant le long de l’eau, et passant devant les transats occupés par hommes et femmes, elle regarda droit devant elle, sans se préoccuper du public. Public oui, car n’était-elle pas digne des plus beaux magazines de mode ? Les gens avaient pour habitude de se retourner sur son passage. Il faut dire qu’avec ses formes féminines généreuses à souhait, et sa chevelure blonde à en faire pâlir de jalousie toutes les femmes ici présentes, Lexie ne passait pas inaperçue. Pourtant, la brunette qu’elle avait aperçu plus tôt ne la regardait pas. Absorbée par sa lecture, le monde aurait pu arrêté de tourner qu’elle ne s’en serait même pas rendue compte. La fixant comme point d’horizon, très vite Lexie la rejoignit. Par chance, un transat non occupé prenait place à côté de celui de …

« Callie. » Elle prit place sur son transat, prenant bien soin de déposer un drap de bain avant de s’y allonger. « Tu fais bien de passer l’après midi ici. Ton teint cadavérique en ferait presque peur. Remédies-y au plus vite sinon tu peux dire aurevoir à Kyle. Conseil d’amie. » Elle avait insisté sur le mot amie, ainsi que le prénom de Kyle. Soudainement, elle éclata de rire. Un rire à en faire froid dans le dos. Que c’était bon de voir Callie ainsi, insouciante, et naïve. Son Kyle la trompant ? Impossible selon ses dires. Mais oui ma belle, le monde est beau, le malheur se cache pourtant derrière ta porte, prêt à bondir à la première occasion…

[Bizarre oO]

En accordant sa confiance à Kyle, Callie avait bêtement cru que l'année entière qu'elle avait passé à maudire l'image repoussante de William faisait partie d'une époque révolue. Être incapable de rester impassible face à lui lui avait prouvé qu'elle était restée la même fille naïve avec laquelle il avait joué pendant plusieurs mois. Son regard était resté ancré dans sa mémoire depuis LA confrontation. Callie ne pouvait se résoudre à l'idée de le croiser au détour d'un couloir, à n'importe quel moment, en compagnie de sa garce blonde. Elle avait beau faire tout son possible pour rester indifférente, Kyle sentait que cette rencontre avait réveillé en elle un mal-être qu'elle avait espéré avoir mis définitivement de côté. Il paraissait aussi troublé qu'elle, et Callie s'en voulait d'être si fragile alors qu'elle avait un copain si patient et si soucieux de son bien-être – pour quelle autre raison aurait-il pu paraître si inquiet, hum ? -, qui avait fait de son mieux pendant un an pour lui redonner un peu d'estime. Elle tâchait néanmoins de ne pas redevenir la fille taciturne et sauvage qu'il avait connue et s'évertuait petit à petit à ne considérer la présence de William que comme une légère ombre au tableau. Elle ne serait même pas obligée de le croiser, après tout. Et sa relation avec Kyle était bien plus importante. Néanmoins, ce jour-là, la crainte de devoir à nouveau affronter le regard sadique de William avait repris le dessus et Callie avait décrété que les vacances étaient faites pour ne rien faire, et que rester dans leur chambre d'hôtel ne voulait pas dire qu'ils se comportaient en enfants gâtés en ne profitant pas de leur cadeau. Au pire, ils avaient un mois entier pour découvrir l'île. Certes, les motifs de cette décision étaient purement égoïstes, mais l'idée ne sembla pas déplaire à Kyle qui n'avait même pas discuté, et avait même accepté avec enthousiasme. (Enfoiré.). Ainsi, ils avaient traîné sous la couette à appeler de temps à autre le room service pour céder à leurs caprices jusqu'au milieu de l'après-midi, quand Bonnie l'appela pour lui demander, ou plutôt lui ordonner, de venir passer un peu de temps avec elle au bord de la piscine. Euh ? Cette invitation était plus que suspecte et peu intéressante – elle savait qu'aller à la piscine n'était qu'un moyen pour Bonnie de repérer celui qu'elle aguicherait le reste de la journée. Mais Callie savait qu'un refus serait considéré comme une agression et une preuve de sa sauvagerie et d'un manque de volonté d'améliorer leur relation – comme si Bonnie en avait réellement quelque chose à foutre – et qu'elle en entendrait parler pendant le reste du séjour. Et puis, Callie recevait si rarement ce genre d'invitation qu'elle se voyait difficilement l'envoyer sur les roses, puisque, même si sa soeur faisait preuve d'une connerie sans borne depuis toujours et que régir sa vie était sa plus grande passion après les micro-jupes, il restait étrangement agréable de la côtoyer de temps à autre. Peut-être que lui répondre « Ok » était aussi et surtout un moyen efficace d'éviter de prendre le risque de discuter William avec Kyle, et que Bonnie pouvait sans aucun doute être une bonne arme de défense contre Tête Porcine si jamais elles le croisaient.

Elles étaient installées au bord de la piscine depuis exactement 8 minutes et Bonnie l'avait déjà quittée pour un surfeur d'un mètre 90 au bronzage franchement gerbant. Voir des jumelles identiques l'avait amusé – trop drôle – et Callie avait fini par déduire que Bonnie l'avait fait venir dans cet unique but, puisqu'elle était déjà partie en sa compagnie après avoir montrer ô combien elle était plus intéressante que sa soeur, qui, elle, avait préféré l'ignorer et sortir un bouquin. Classique. La lecture serait un excellent moyen de se planquer de l'ennemi, combinée aux lunettes exubérantes - et surtout moches – volées à Bonnie. Malheureusement elle se rendit vite compte qu'elle aurait du aussi prévoir une cagoule quand le plan cul de William la tira de sa lecture. Ok. Elle était au moins aussi agréable que lui. En temps normal, Callie ignorait ce genre de remarques et y était comme hermétique. En temps normal, elle aurait probablement rétorqué à Lexie qu'elle était au moins aussi blanche qu'elle et qu'elle pouvait garder ses conseils. Mais elle était la copine de William – ou peu importait son statut, dans tous les cas ils couchaient, donc elle devait forcément faire partie des vilains. Sans compter la classe naturelle - et flippante - qu'elle dégageait. Il n'en fallait pas plus pour déstabiliser Callie, qui penserait plus tard à remercier sa soeur pour ses lunettes qui masquaient son air décontenancé. Son rire était effrayant, mais Callie reprit vite ses esprits. Elle cherchait uniquement à lui faire peur pour X raison mais Callie connaissait suffisamment Kyle qui était certainement loin d'être assez débile pour faire attention à son teint. Sa remarque était simplement conne. Voilà.

"Kyle s'en contente pourtant tous les jours depuis un moment. Mais je prends note, merci l'amie." Callie sourit une micro-seconde avant de reprendre son air blasé. Tâche difficile puisqu'elle avait juste envie de retourner dans sa chambre ou de jeter Lexie dans la piscine. "J'aurais adoré devenir ta nouvelle BFF mais je pense que mon livre est un peu plus passionnant qu'une histoire de bronzage. On s'occupera de ma coiffure une autre fois."

Sur ces paroles, Callie replongea dans son livre. Sans rien lire. La seule chose sur laquelle elle pouvait se concentrer à ce moment précis, était, en gros : Salope, salope, salope.

[Pardon, c'est petit]

Lexie détestait plus que tout cette pimbêche de Callie et ne comprenait vraiment pas ce que Kyle pouvait lui trouver. Elle n’avait rien pour elle, et William lui avait confirmé cette pensée. Il avait eu l’occasion de la connaître plus que Lexie avant qu’il lui brise le cœur. Elle le méritait amplement, et quiconque la plaignait ne savait pas le mal que Callie avait pu faire autour d’elle. Ou plutôt, pour Lexie. Mais cette dernière ne pouvait pas se laisser faire ainsi, elle ne pouvait pas laisser cette idiote gagner la partie. Elle n’était pas du genre à baisser les bras, et à rendre les armes aussi vite. Elle était la dernière à le faire bien souvent, et cette bataille n’échapperait pas à la règle. Elle aurait Kyle, coûte que coûte. Blesser Callie ne lui faisait pas peur, et ne la ferait jamais culpabiliser. L’envie même de la pousser dans la piscine et de maintenir sa tête sous l’eau pour qu’elle se noie trottait dans sa tête depuis un moment. Elle se retenait juste. Il ne fallait pas qu’elle fasse voler en éclats la réputation de sa famille. Une meurtrière ne serait sans doute pas la bienvenue. Même si le crime passionnel pourrait se révéler être une bonne excuse, pouvant attendrir le juge et faire ainsi baisser sa peine de prison. Lexie planta son regard sur cette idiote qui venait d’ouvrir la bouche. Comment était-ce possible ? La demoiselle se rebellait, c’était terriblement amusant. Finalement, Lexie allait attendre un peu avant d’abréger la souffrance qui envahissait son corps et son cœur lorsqu’elle regardait Callie, et l’imaginait en compagnie de Kyle. Un accident était si vite arrivé, après tout.

« L’amour rend aveugle, très chère. Mais l’amour est éphémère, et ne tient qu’à un fil. Un jour, il verra ce teint à faire peur et les vergetures que tu as sur les cuisses. Je t’aurais prévenu. » Elle n’avait pas pris la peine de la regarder, préférant dévorer des yeux un beau mâle se trouvant non loin de là, et qui faisait de même de son corps. Elle se fichait pas mal à vrai dire de plaire aux autres hommes. C’était Kyle qu’elle désirait plus que tout, plus que sa vie même. Elle donnerait n’importe quoi pour éloigner Callie de cet homme, et l’avoir ainsi à elle.

« Je vois que j’ai touché la corde sensible. » se contenta de répondre Lexie lorsque Callie usa de sa répartie surprenante. « D’ailleurs, tu as bien raison, les BFF piquent les petits amis, il ne faut mieux pas en avoir… quoique, même les autres ne se gênent pas pour le faire. » Elle rit à nouveau d’une façon à en donner froid dans le dos.