janis •• oh my gooood

C’était une belle nuit, une de ces nuits où l’on ne peut s’empecher de sortir et d’apprécier les étoiles se reflétant dans le ciel. Quand j’étais petite, ma mère me disait toujours qu’il y avait, parmi ces lumières clignotantes, une qui m’était destinée et qu’elle appelait mon prince charmant. Cela me plaisait de penser qu’il y avait quelque part dans le monde mon prince charmant qui m’attendait sur son cheval blanc. Cela me réconfortait de savoir qu’il y avait un être qui m’était destiné et qu’un jour, quoi qu’il arrive je pourrais être heureuse.
Seulement voila, un jour on grandit, et l’on se rend compte que le prince charmant n’existe que dans les contes de fée et que la vie n’en est pas un. Au contraire. A cet instant précis, j’avais pourtant l’impression d’être au cœur d’une histoire dans laquelle j’avais le rôle de la méchante sorcière. Celle qui fait souffrir le héros principal, celui ayant le cœur tendre et vaillant. J’avais l’impression d’avoir joué ce rôle qui ne me convient pas, d’avoir choisit la solution de facilité, de m’être perdue en chemin. Quelqu’un aurait peut-être du prendre la peine de semer des cailloux sur ma route pour m’indiquer la bonne direction. Quelqu’un aurait pu essayer de rendre la méchante sorcière gentille. Mais il n’y avait personne. J’étais seule, irrévocablement seule. Tout du moins pas encore mais cela n’allait tarder. Et ce sentiment de solitude envahissait petit à petit mon être, et je détestais cela. Je haïssais cette sensation terrifiante qui me tenait de plsu en plus. Je n’en voulais pas, je n’en avais pas besoin, je ne voulais pas être seule. J’avais un mari, un mari pour lequel j’avais dit oui, un mari que j’avais promis d’aimer, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la joie comme dans le malheur. Un mari que j’avais trahi et qui ne méritait pas cela. Un mari qui m’aimait, et qui se sentait floué. Il semblait si petit, assis comme cela près de moi. J’avais l’impression qu’il était redevenu un enfant, vous savez, le cœur sur la main près à être donné en pâture. Une larme coula sur sa joue silencieuse qui me fit l’effet d’un poignard planté en plein cœur. Mais qu’avais-je donc fait ? J’avançais prudemment ma main de sa joue pour récupérer cette goutte d’eau salé mais il se leva avant que je ne puisse le toucher. Il se posta près de la fenêtre sans prononcer un mot. De toute façon son silence était bien plus éloquent que n’importe quel discours. Quant à moi, je restais prostrée sur le canapé, les jambes entourées de mes frêles bras. Je ne pouvais pas le laisser souffrir ainsi, il fallait que je lui explique pourquoi, que j’essaie de lui faire comprendre, au moins un tout petit peu.

« Mon cœur je suis tellement tellement désolée. Je voudrais tellement que tu comprennes que ce n’est pas ta faute, que tu n’y es pour rien. C’est entièrement ma faute, je me rends compte aujourd’hui que j’ai été stupide. Je n’ai pensé qu’a ma petite personne, comme d’habitude. Je m’en veux tellement de t’infliger ça, tu ne le mérites tellement pas. Je me sens tellement mal de te voir comme ça, s’il te plait, s’il te plait mon amour regarde moi. »

Lentement, trop lentement à son gout il se tourna enfin, plongeant son regard azur dans le mien. Il y avait tellement de tristesse dans son regard, tellement d’incompréhension que je me flagellais d’autant plus. Les larmes commencèrent à me monter aux yeux et je sentais qu’elles n’allaient pas tarder à déborder.

« Je te jure que je ne recommencerais plus jamais, plus jamais je ne te ferais de mal, je te le jure, ce n’était qu’une sorte de crise passagère. J’avais besoin de me sentir à nouveau vivante, j’avais besoin de sentir cette adrénaline, cette sensation de vivre quelque chose de spécial. Mais il n’était rien pour moi. Rien comparé à ce que je ressens pour toi. Tu es mon mari et je t’aime de tout mon cœur. Je t’aime plus que tout. Je t’en supplie pardonne moi. Je ne pourrais pas vivre sans toi. »

Je m’étais levé sans m’en rendre compte et me tenais devant la petite table, à quelque centimètre de lui. Je n’osais pas le toucher de peur qu’il se braque. Désormais, les larmes coulaient à flot sans aucune retenue sur mes joues. Car j’avais menti. Encore. Je me sentais d’autant plus mal de le faire mais je savais que c’était la seule façon de me faire pardonner. Je savais qu’il me laisserait seule sinon, et j’avais tellement besoin de lui.
Je ne sais pas si ce sont mes larmes qui eurent raison de lui mais il sépara la distance qu’il avait imposé entre nous deux et me prit dans ses bras. Il me serra tellement fort que j’eus du mal à respirer mais c’était tellement bon que je ne tentais rien pour m’extirper de cette étreinte. Il aurait du mal à me pardonner, à oublier mais je savais qu’il y parviendrait désormais, je savais qu’il m’aimait encore malgré tout ce qu’il avait subi. Nous restâmes ainsi enlacés un temps que je ne saurais quantifier. Et ce qui nous tira de ce merveilleux moment, j’aurais préféré ne jamais l’entendre. C’était la sonnerie de mon téléphone portable que j’avais posé sur la table basse. C’était la chanson sur laquelle nous avions dansé à notre mariage, et je savais ce qu’elle signifiait. Mon sang se glaça immédiatement et mon corps se raidit instantanément guettant le moment. Ce moment où Ruben allait poser les yeux sur mon portable, ce moment où il lirait qui était associé à cette sonnerie. Ce moment où il me quitterait pour toujours. Cela mis à peine quatre seconde pour arriver, quatre seconde qui me parurent une éternité. Parce que je n’avais pas envie de le perdre ou parce que j’avais envie de répondre, je ne sais pas, je ne saurais le dire. Sa réaction fut encore plus étonnante que la mienne. Il se contenta d’attraper mon portable sans pour autant me lâcher et il le balança par la fenêtre du balcon. Il posa ensuite sa tête dans le creux de mon cou et ne prononça pas un mot. Il voulait oublier, passer à autre chose. Moi aussi j’aurais aimé oublier, mais je ne pouvais pas. Car en jetant mon portable, il avait aussi jeté ma liberté, mon sentiment de puissance, celui qui me maintenait en vie, celui qui me permettait de vivre, tout simplement. Maintenant, j’étais condamné à seulement survivre.