Chéri, Réveilles-toi ! J'ai un truc à te dire [R]

Le réveil marquait sept heures du matin. Ruth était assise dans le fauteuil du salon, le regard dans le vide et un imperceptible sourire aux lèvres. Adam dormait encore, il profitait du voyage pour reprendre des forces et récupérer les heures de sommeil qui lui manquaient. La jeune femme faisait tourbillonnait sa cuillère dans la tasse de café bien fort qu’elle venait de se faire quelques minutes plus tôt. Alors qu’elle allait la porter à ses lèvres, elle jeta un coup d’œil à l’intérieur du mug avant de le reposer immédiatement sur la table basse. Non ce n’était pas bien, elle devait arrêter le café. C’était mauvais pour elle maintenant.

Elle se leva très lentement du fauteuil avant d’ouvrir en grand les fenêtres de sa chambre, le soleil commençait à se lever et c’était tout bonnement splendide. Ruth avait le cerveau en ébullition, elle pensait à milles choses importantes. Elle devait parler à Adam mais quelque chose l’empêchait. Elle était excitée mais avait à la fois très peur. Ce voyage était pour elle l’occasion de créer une bulle encore plus puissante autour de son couple. Il n’y aurait pas de Jack pour faire capoter sa belle histoire. Pas de méchante fée, pour détruire son royaume. Pas de pommes empoisonnées pour l’endormir, elle et son amour . Non. Rien de tous cela. Elle n’avait pas à avoir peur cette fois, il n’y avait que son prince et elle. Et jamais, Adam ne lui ferait du mal. Il l’aimait et cela pour toujours, d’ailleurs la demande en mariage en était une preuve non ?

La bague de fiançailles trônait fièrement à l’annulaire de sa main gauche. Elle était simple sans chichi ni fioritures, à l’image de son couple. Elle l’aimait plus que tout et refusait de s’en défaire ne serait-ce qu’une seconde. Adam bougea dans son sommeil, et Ruth décida de le rejoindre. Assise sur le lit, elle lissa sa nuisette d’un seul geste avant de remettre en place sa longue chevelure d’ange. Sa main glissa ensuite le long du dos de son fiancé.

-Adam. Adam, réveilles-toi s’il te plait.

Ruth sentait l’angoisse monter en elle, ses mains tremblèrent légèrement quand elle caressa une nouvelle fois le dos d’Adam. Elle le bouscula légèrement pour l’inciter à se réveiller et détourna la tête ne pas qu’il la voit se mordre les lèvres pour mieux se contrôler. Elle surprit son reflet dans le miroir posé juste en face d’elle, et le fixa quelques instants. Il y avait quelque chose dans son reflet qu’elle ne reconnaissait pas. Sa posture voûtée ne lui était pas familière, ses mains croisées et serrées à s’en blanchir les phalanges et sa mine attristée lui faisait peur. Elle n’arrivait pas à se contrôler, elle ne menait plus la danse. Elle ne contrôlait plus rien du tout.

Ruth devait immédiatement se ressaisir et c’est ce qu’elle fit. Ce qu’elle avait à annoncer à Adam était tout simplement merveilleux. Elle ne devait pas craindre son comportement, elle n’avait pas à douter d’Adam et de son amour. Ce qui lui arrivait était digne des plus beaux contes de fées. Elle était en passe d’avoir la meilleure vie qui soit.

- Adaaaaaaam ! Adam ! Adam ! Adam !

C’est maintenant guillerette qu’elle sauta sur le lit, espérant ainsi faire réagir son futur mari. Quand celui-ci daigna enfin ouvrir ses yeux, il put apercevoir Ruth irradier de bonheur. La jeune femme se laissa tomber sur le lit ce qui ne fit qu’accentuer les mouvements du matelas.

- Mon chériiiiii ! Ruth avait son visage près de celui de son amant encore endormi malgré ses yeux ouverts. Adam, je dois….te parler. Ce qui pouvait passer pour une hésitation dans sa dernière phrase n’en était pas une. Son ventre faisait des siennes et elle était incapable de dire si c’était l’appréhension ou la joie. Quand enfin Adam lui accorda un minimum d’intérêt, elle ouvrit grand la bouche, prêt à lui débiter tout ce qu’elle avait à dire. Mais rien ne sortit. Ou du moins aucun son. Car à peine voulut-elle tout lui avouer, qu’elle plaqua sa main sur sa bouche avant de courir à la salle de bain pour….y vomir.

Des vacances à Hawaï ? Le pied. Enfin Adam pourrait se reposer, se levait à l’heure qu’il veut sans se soucier de perdre son travail. Se vider la tête et recharger ses batteries fut une des raisons qui poussa Adam à accepter cette étrange invitation. Ruth en était une aussi. Il tenait à son audition, et entendre sans cesse sa fiancée hurler de joie et le supplier –là encore avec un ton plus haut que la moyenne-, il avait finit par céder. Après tout, pourquoi refuser des vacances gratuites ? Il n’avait pas les moyens de payer tout cela. Et pourtant, il aurait fait n’importe quoi pour répondre aux attentes de Ruth. Il l’avait demandé en fiançailles, et ses vacances s’annonçaient juste à temps. Voyage de noces en avance ? Considérez ça comme vous voulez. Repos était dans le maître mot pour le jeune homme. Malheureusement, qui partait en vacances avec Ruth ne pouvait compter là-dessus. Et c’était sans doute pour cette raison qu’il l’aimait. Elle était différente des autres, excitée comme une puce à tout heure de la journée, et savait ce qu’elle voulait. A sa manière certes, mais tout de même. Ce matin là, il était perdu dans un rêve où les deux héroïnes n’étaient autre que Ruth et Jack, les deux femmes de sa vie, comme il aimait si bien les appeler. Bien entendu, hors de question de prononcer cette expression là pour définir Jack devant Ruth, qui considérait la première comme sa principale rivale, et qui avait bien raison… après tout. Au moment où ses lèvres s’approchaient de celle de Jack, il avait entendu des cris et son prénom. La voix de la raison existait-elle vraiment ? Adam imaginait bien un ange et un diable se battre au dessus de sa tête. Il avait regardé tellement de dessins animés étant gosse.

Ouvrant les yeux doucement, il remarqua Ruth qui s’agitait dans le lit. Qu’avait-elle donc ? « Adam, je dois….te parler. » Voyant la difficulté avec laquelle elle eut terminer sa phrase, il se redressa aussitôt. Non seulement, elle avait prononcé les mots qu’un homme détestait entendre, mais en plus de ça, voilà qu’elle partit en courant dans la salle de bains. Mais bon sang, que pouvait-il bien se passer ? Pourquoi la réveillait-elle ainsi, aussi brutalement ? Avait-elle compris à qui il rêvait et ce qu’il était en train de faire ? Oh mon dieu, et si Ruth lisait dans ses pensées ? Il était mal barré. Il n’était pas un homme parfait, et avait du mal à se détacher de celle qui fut son premier amour… à sens unique. Pourtant, il était véritablement sincère envers Ruth. Il l’aimait, mais pour se donner bonne conscience et arrêter de se torturer l’esprit avec tout ça, l’avait demandé en fiançailles, promesse d’un avenir à deux, et d’un beau mariage digne des contes de fées comme le rêvait Ruth.

Un bruit fort dégoûtant se fit entendre. Ok, Ruth se vidait l’estomac dans les sanitaires de leur suite. Ok, pas la peine de paniquer, elle devait tout simplement être malade. Ou n’arrivait pas à digérer le restaurant d’hier. Néanmoins, Adam, aussi attentionné soit-il, se leva précipitamment, oubliant qu’il était vêtu dans le plus simple appareil. Il était presque arrivé à la porte de la salle de bains, qu’il fit demi tour et rattrapa un boxer qui traînait par terre. Quoi ? On sait jamais qu’un employé de l’hôtel débarque dans la chambre non ? C’était tout à fait Adam. Bref, voyant sa fiancée mal au point, il s’en voulut aussitôt d’avoir pu rêvé de Jack et lui s’embrassant. Il se pencha vers Ruth.

« Mon amour, tout va bien ? Tu veux quelque chose ? Une serviette ? Un verre d’eau ? Je ferais tout ce qu’il faudra. » Comme s’il était un peu paniqué, Adam la regarda. C’était tout lui ça. Vraiment.

Heureusement que Ruth avait eu le réflexe d’attacher ses cheveux en un chignon avant de mettre sa tête dans la cuvette des toilettes. Ses plans et son courage venaient de tomber à l’eau à cause de ce petit imprévu peu ragoûtant. Mais Adam était là, à ses côtés comme toujours. A la différence près qu’il venait d’enfiler un caleçon, dommage.
Le teint plus pâle, Ruth posa son regard sur son homme. Il était adorable, il ne voulait que son bonheur et cela se voyait. Elle avait eu de la chance de connaître son prince tôt, elle n’avait pas eu besoin de chanter une chanson à ses amis les lapins pour qu’il la remarque et tombe amoureux d’elle. Sur ce coup elle avait battu la Belle au Bois dormant. Elle n’avait pas eu non plus à faire semblant de mourir pour qu’il la sauve. Blanche-Neige n’avait qu’à bien se tenir. Il lui a juste suffit d’être elle-même…et aussi d’être dans la même fac mais ça, ce n’est pas très important. C’est le destin qui a voulu qu’ils se rencontrent, comme le disait un piètre personnage qui se pensait philosophe : c’était écrit là haut.

Ruth se sentait déjà bien mieux, quoi qu’un peu plus fatiguée. Ses nerfs lui jouaient tellement de tours, qu’elle avait du mal à rester stoïque. Pourtant elle se devait de rester parfaite et de ne pas se laisser abattre. Un sourire sincère apparut sur ses lèvres quand Adam commença à jouer les sauveurs.

- Laisses-moi juste une minute.

Ruth se leva et se dirigea vers le lavabo où elle prit sa brosse à dent ainsi que le dentifrice avant de commencer à se frotter ses dents. Après avoir utilisé près de la moitié du tube de dentifrice elle se jugea de nouveau parfaite et s’avança vers Adam.

- Il fallait que je te parle.

Face à Adam, elle venait de passe ses bras autour de sa taille. Elle regarda ses pieds un instant, ne sachant plus vraiment par où commencer. Ella colla sa tête blonde au torse de son homme et s’abandonna un instant. Bercée par les battements de cœur d’Adam, elle reprenait peu à peu confiance. Son cœur battait pour elle, rien que pour elle. Elle devait se mettre ça en tête. Personne ne les séparerait, sûrement pas Jack et sûrement pas …ça.

- Je sais pas comment ça se fait, enfin si je sais mais ce n’est pas la question…Il faut que tu me promettes de super bien réagir, tu dois rester avec moi parce que c’est pas ma faute mais la tienne. Enfin non c’est ma faute et pas la tienne. Non je crois que c’est notre faute. Enfin on peut pas vraiment dire que c’est une faute car après tout c’est la continuité de la vie et que sans ça le monde serait dévasté mais… Pendant tout son monologue, la jeune femme avait tournée et virée dans la salle de bain. Mais je crois que je suis enceinte. Oui je pense bien que je suis enceinte. Mais c’est plutôt une bonne nouvelle….non ?

Elle avait voulu tout lui dire directement mais elle avait craint sa réaction. Elle voulait avoir des enfants, mais Adam était-il du même avis ? Elle était maintenant tétanisé et n’osait même plus le regarder en face. Elle posa sa même sur son ventre encore plat, se demandant si les princesses mères célibataires existaient.

Visiblement Ruth n’avait pas besoin de lui. Elle, qui se prenait pour une princesse, ne voulait même pas de l’aide de son prince charmant ? Adam en fut surpris. Puis se reprit. Après tout, il n’était pas doué dans le genre super héros, et il ne pouvait rien faire face aux nausées de sa fiancée. Il se recula donc. Heureusement, Ruth n’émit bientôt plus de bruit écœurant. Il la regarda vider la moitié du tube de dentifrice, un sourire amusé dessiné sur ses lèvres. Il n’y avait qu’elle pour agir ainsi. Il n’y avait qu’elle pour le réveiller juste par besoin de lui parler. Il n’y avait qu’elle pour être aussi excitée. Il n’y avait qu’elle pour mettre autant d’animation dans sa vie. Elle est la femme parfaite de nombreux hommes. Elle est la sienne. Et c’est tout ce qui devrait compter. Leur bonheur. Leur couple qui lui ressemblait tant. Leur couple, le modèle qu’il avait toujours voulu. Pourtant, il manquait quelque chose à sa vie. Ce n’était ni de l’amour, ni de la folie, puisque Ruth lui apportait tout ça. Il lui manquait Jack. Et c’était le détail qui foutait tout en l’air. Ou presque.

De quoi voulait-elle parler ? Surtout qu’elle semblait sérieuse. Adam n’aimait pas ça. Il espérait qu’elle n’ait pas vomit par peur de lui dire. Ruth paniquait très vite, et très fort, cela ne serait pas étonnant. Quelque chose n’allait pas et la mettait dans un état pareil, et voilà qu’elle allait se confier à Adam. Avait-il vraiment envie de l’entendre ? Elle le prit par la taille, et marmonna. Elle avait parlé d’une traite, hésitant et buttant sur les mots, ne sachant que dire et comment le dire. Sur le coup, Adam ne put s’empêcher de parler. « Mais qu’est-ce qui te met dans un état pareil, chérie ? »

La sentence tomba très vite. Enceinte. Ruth était enceinte. Ruth attendait un bébé. Ruth allait être maman. Et lui papa, accessoirement. Ce n’était pas possible. Il jura sans pouvoir se contrôler. Etonnant de la part du jeune homme. Puis porta son regard dans celui de Ruth, heureuse de lui avoir dit, et heureuse de lui annoncer ce qui aurait du être une bonne nouvelle. Il ne savait que dire et se contenta de l’observer en silence. Il aurait du sauter au plafond, la prendre dans ses bras et la faire virevolter. Mais quelque chose le clouait littéralement sur place. Il lâcha Ruth, et recula d’un pas. « Tu… tu…en es…sûre ? A 100% ? Non parce que c’est impossible. Tu prends la pilule, et on se protège… » Il se tourna vers le lavabo, et se regarda dans la glace. Avait-il une tête à être père ? « Tu... prends bien la pilule ? »

Ruth savait qu’elle ne s’y prenait pas de la bonne manière. Au lieu de tout lui dire directement, elle prenait milles et un chemin évitant ainsi d’aller droit au but. Ce qui-accessoirement- rendait toute sa conversation confuse. Mais au final, tout était dit. Ruth était enceinte d’Adam c’est certain, il n’y avait que lui dans sa vie de toute façon.
Il n’hurla pas de joie, il se contenta de jurer ce qui choqua grandement la jeune femme. Que lui arrivait-il ? Pourquoi se comportait-il ainsi ? Mais elle n’était pas au bout de ses peines, loin de là. Adam lui posa des questions si tordus qu’elle en fut déstabilisée. C’est presque dans un murmure qu’elle consentit à lui répondre.

-Non, j’ai du l’oublier une ou deux fois. Avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, je dois t’avouer que je n’avais plus trop ma tête et puis…rappelles toi qu’on ne s’est pas toujours protégé…on était partit sur le principe qu’étant donné que je prenais la pilule, on … on pouvait faire quelques écarts de temps à autre…

Le joli monde de Ruth venait de s’écrouler comme un vulgaire château de cartes. Adam n’avait pas eu la réaction qu’elle voulait. A vrai dire elle était complètement bouleversée. Pourquoi réagissait-il ainsi ? Ruth ferma les yeux un instant. Sa respiration forte et saccadée l’empêchait de réfléchir. Son cœur venait de se déchirer en deux en quelques secondes. Tous ses espoirs venaient de partir en fumée. Elle ne reconnaissait plus l’homme qu’elle avait en face d’elle.

- Non, non, non ! T’as pas le droit de réagir comme ça ! C’est pas comme ça que ça devait se passer. Non ! Tu devais me dire que c’était super ! Que tu préférerais que ce soit une petite fille. Que tu la protégerais des méchants, que tu lui apprendrais à grimper aux arbres. Tu devais me dire que tu l’appellerais princesse et que tu la porterais sur les épaules. Qu’elle ferait une école de droit et qu’elle se marierait et aurait pleins d’enfants et qu’elle viendrait tous les dimanches à la maison. Tu devais me dire ça ! Ca et rien d’autres !!!

Ruth fondit en larmes, une main plaquée sur le visage. Elle se laissa tomber au sol, et adossée au mur elle n’osait plus regarder Adam en face. Tout ceci était un cauchemar, et elle se réveillerait bientôt.

- Non , non, non, non, non, non, non, non, non.

C’était tout bonnement impossible. Il avait été idiot de prendre autant de risques. Il faisait confiance entièrement à Ruth et n’aurait jamais pensé qu’elle oublierait, ne serait-ce qu’une fois, cette foutue pilule. Il se sentait trahi en quelque sorte. Il ne se voyait pas père. Il tentait d’être à la hauteur des attentes et des rêves de sa fiancée chaque jour, montrait le meilleur de lui-même, et se donnait un maximum dans leur relation. Il ne lui refusait jamais rien. Il voulait tout simplement l’homme rêvé, l’homme parfait pour elle. Il ne pouvait pas lui offrir ça, il ne s’en sentait pas capable. L’absence de sa mère lui pesait trop pour assurer de telles responsabilités. Cette nouvelle aurait du le rendre heureux, mais elle l’anéantissait. Son monde venait de s’écrouler sous ses pieds. Il ne prit pas la peine de répondre aux murmures de Ruth. Se regardant dans la glace, il prit son visage dans ses mains. Et jura à nouveau. C’était choquant de sa part, mais il ne pouvait pas.

« Je ne peux pas Ruth… » Il ne la regarda pas, il fuyait son regard implorant. Il fuyait la peine de sa fiancée. La respiration de cette dernière faisait froid dans le dos. Il la savait fragile, et sa façon de réagir allait sûrement la faire souffrir. Mais il ne pouvait pas. Il avait besoin de prendre l’air, de se vider la tête, d’oublier cette nouvelle un instant pour se retrouver lui. Il pensa à Jack. Lui aurait-elle fait cela s’il était avec ? Il savait qu’il ne devait pas les comparer, mais c’était plus fort que lui. Ruth commençait à s’énerver tout en lui annonçant ses rêves. Elle n’arrêterait donc jamais de rêver.

« Ruth, arrête ! » Il avait hausser la voix, et il s’en voulut aussitôt, surtout la voyant s’asseoir par terre, en pleurs. « Excuse moi, je ne voulais pas… »

« Je ne peux pas. » répéta-t-il. « Pourquoi faut-il toujours que tu prévoies tout ? » lança-t-il sur un ton plein de reproches. « Je ne suis pas parfait. Je ne suis pas prêt à être père, bon dieu, tu le sais très bien que l’absence de ma mère me pèse trop pour penser à fonder une famille digne de ce nom. » Il tentait de rester calme, mais ses nerfs allaient lâcher. Les larmes lui montaient aux yeux…

Ruth voulait que sa vie soit un conte de fées, tout le monde savait ça. Tout le monde savait aussi qu’elle était prête à tout pour y parvenir. C’est comme ça qu’elle avait su qu’Adam partagerait sa vie à jamais. Mais voila que tout partait en fumée à cause d’un imprévu.
Cet imprévu, ça va faire quelques semaines que Ruth était au courant. Elle en avait tous les symptômes, elle connaissait bien le sujet et son corps, si bien que le doute n’était pas là. Elle était enceinte. Pour de vrai.

En voyant dans quel était Adam, elle essaya de l’approcher mais sa tentative fut vaine. Il lui faisait beaucoup trop peur. Pourtant elle se risqua tout de même à lui parler. Sa voix se fit plus douce elle essayait de le calmer.

- Tu ne peux pas quoi ? Je sais que c’est précipité mais au fond c’est peut-être ça le chemin que doit prendre notre histoire. Jamais rien n’arrive au hasard mon amour. Un enfant c’est merveille…Sa phrase mourut dans un couinement de souris écrasée. Il en voulait rien entendre et ça Ruth ne le supportait pas.

- Comment ça, faut que j’arrête de tout planifier ? Tu veux dire quoi par là ? Que je me suis amusée à oublier cette foutue pilule juste pour tomber enceinte et avancer la date du mariage ? Excuses-moi d’avoir du travail par-dessus la tête, excuses-moi de n’être pas aussi douée que toi en cours…Excuses-moi d’essayer de survivre à tout ce stress , à tout ce putain de stress que me fait endurer Jack! Alors parmi tout ce bordel dans ma vie, je suis vraiment désolée d’avoir oublié la pilule, d’être trop présente dans ta vie et surtout de t’aimer. A croire que je t’étouffe. Elle marqua une pause. Ta mère ne souhaite qu’une chose c’est que tu sois heureux.

Ruth fut une nouvelle fois coupée dans son élan par une nausée. Elle eut juste le temps de se mettre au dessus de la cuvette pour vomir. Encore essoufflée par l’effort elle se releva une main tremblante dirigée vers le jeune homme. Il n’avait pas le droit de la voir comme ça, si désarmée. Il n’avait pas le droit de profiter de sa faiblesse. Il devait sortir. Fulminant maintenant de rage elle s’avança vers lui.

- Vas-t’en ! Je veux plus te voir, laisses-moi seule ! Sur ces mots la jeune femme poussa violemment Adam hors de la salle de bain avant de s’y enfermer à doubles tours. Complètement anéantie, elle balança tous les produits de toilettes par terre avant de les écraser en sautant à pieds joints. Les gels douches se rependirent sur le sol ce qui fit glisser la jeune femme. Allongée sur le sol elle pleurait toutes les larmes de son corps mais qu’importe elle ne voulait plus voir Adam. Il venait de détruire sa vie.

- TU N’ES QU’UN MOOOOOOOONSTRE. Oui c’est toi le méchant dans l’histoire.

Un enfant, c’est merveilleux disait-elle ?! Certes, mais elle ne se rendait pas compte des responsabilités que cela entraînerait. Ruth s’occupait trop de son petit bonheur à elle, de sa petite vie toute planifiée, et paniquait au moindre obstacle susceptible de faire voler en éclats son planning. Ce qui avait attendrit Adam et l’avait fait fondre devant la jolie blonde venait de se retourner contre lui. Il était perdu, ne savait ni quoi faire, ni quoi penser. Il avait besoin d’être seul, loin de sa fiancée et ses crises de folie, loin de son amour et ses vomissements. Tout ce qui désormais lui rappelait cet erreur le faisait fuir, le paniquer. Son regard se porta sur Ruth, et pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, il ne voyait plus la fille qui lui plaisait, la future femme de sa vie mais une mère. Il n’avait jamais réfléchi à cette possibilité là, bien trop content de son bonheur actuel qui le comblait suffisamment. Il n’avait clairement jamais pensé à fonder une famille avec elle. Le choc. Un mariage aboutissait souvent à ce genre de chose, et pourtant, il n’avait pas pensé une seule fois à tout cela. Cet événement fit naître en lui un profond malaise, un doute qui le rongerait à petit feu.

« Ce n’est pas merveilleux. » la coupa-t-il. « Enfin je veux dire si. Mais pas maintenant. Tout allait bien entre nous, on n’avait besoin de rien d’autre pour être heureux. Ton amour me suffisait amplement. »

Il n’essayait pas de se rattraper, et de récupérer son amour. Il ne savait même pas s’il avait envie de continuer quelque chose. La trahison lui restait en travers de la gorge, son erreur aussi. Il était tout aussi fautif qu’elle, et pourtant, il lui en voulait tellement. Tellement qu’il commença à lui reprocher, ce qui autrefois, lui avait si plu en elle.

« T’en serais capable. » Il plongea son regard dans le sien. Il était comme immunisé de ses larmes. « Tu n’es donc qu’une pauvre victime dans l’histoire ? Et moi, un bon à rien ? C’est ça que tu essaies de me dire? » Il marqua une pause lui aussi puis la fusilla du regard lorsqu’elle parla de sa mère. « Tu ne connais pas ma mère. »

Il n’était pas méchant. Adam haussait rarement le ton et se disputait très peu avec ses proches. Mais Ruth n’avait pas le droit de penser qu’à son bonheur personnel. Il n’en pouvait plus de passer toujours en dernier, de tout faire pour elle. Une fois dans sa vie, il voulait se révolter. Adam était généreux, toujours à l’écoute. Mais aucune personne ne lui rendait la pareil. Ni Ruth, ni Jack, pas même son père. Elle lui cria de s’en aller et le poussa vers la sortie. Il entendit Ruth s’enfermer à double tours. La vue d’Adam se brouilla, les larmes lui montaient au visage. Il hurla néanmoins…

« UN MONSTRE ? J’ai tout fait pour toi, j’ai mis de côté mes rêves, mes envies même pour ton bonheur personnel. Et je suis un monstre ? Et arrête de critiquer mes amis. » Il claqua la porte de leur suite. Il s’attendait à ce qu’elle parle de Jack, mais bon dieu, cette dernière ne lui faisait rien. Ne lui parlait même pas.

La porte de la chambre venait de claquer, annonçant ainsi le départ d’Adam. Ruth restait allongée par terre. Elle n’avait pas la force de se relever. Elle ne le pouvait plus. Adam, sa raison de vivre, son pilier, son monde, venait de quitter la pièce. A cause d’elle. A cause de ses jérémiades. A cause de son égoïsme. A cause de son bébé.
Ses pleurs redoublèrent lorsqu’elle comprit que ce soir elle dormirait seule. Elle avait gâché ce qu’elle avait de plus précieux sans même s’en rendre compte.
Pourtant elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une immense joie à l’idée de porter la vie. Une petite Ruth ou un Adam junior allait bientôt venir au monde.

Lentement la jeune femme se releva et inspecta la pièce. Elle qui ne supportait pas le désordre et l’anarchie se contentait d’inspecter les dégâts et d’hausser les épaules. Elle se rendit dans la chambre où quelques minutes plus tôt Adam dormait et s’allongea sur le lit. Elle releva sa nuisette et observa son ventre. Ses doigts glissaient de part et d’autre de celui-ci.

- Je ne t’en veux pas. Rien n’est de ta faute. Tu sais mini-nous, je serais toujours là. Jamais je t’abandonnerais. Je t’aime déjà. Ne t’inquiètes pas pour papa, je sais qu’il reviendra. Il le sait pas encore mais il t’aime très fort. Et moi aussi je t’aime.

La belle blonde essuya les dernières larmes qui lui collaient aux joues avant de porter son regard sur le coussin d’Adam. Elle le prit dans ses bras et l’huma, il avait encore son odeur.

- Oui papa nous aime. Il va revenir je suis sure. Sur ses mots la jeune femme s’endormit pour ne se réveiller qu’à huit heures du soir. Adam n’était toujours pas revenus

[Terminé I love you

]