W i L L i A M

La distance et la froideur qu’il instaure entre les autres et lui-même est celle qu’il a instaurée d’office entre l’espèce humaine et sa personne : croyant l’avoir cernée, il s’en éloigne le plus possible. Et il devient comme elle : vicieuse et vile. On le croit délesté de sentiments humains, ce sont cependant ceux qu’il pense inventés pour convenir aux hommes. Amour, amitié, bonheur, que d’inepties pour des bêtes qui ne sont pas même capables de distinguer le bien du mal. William n’est pourvu – ou ne semble – que d’ambition. Comme son père, il gravit peu à peu l’échelle sociale pour se hisser plus vite au pouvoir. Et il est convaincu que c’est ce qui fait et a toujours fait avancer les hommes. L’ambition est maître, et l’amour ne peut s’élever aussi haut. Mais l’amour existe-t-il vraiment ? Le charme qu’il dégage est un véritable bouclier contre les sentiments, mais il y a bien quelques ressens enfouis au fond de lui qui ne demandent qu’à s’en échapper. Il enchaîne les femmes comme on enchaînerait les verres d’alcool, s’enfermant progressivement dans un brouillard envoûtant. Et il n’existe que pour cette vie volage qui recharge en adrénaline une petite part de sa joie. Ce sujet diffère des autres par la confiance excessive qu’il croit s’octroyer ; en réalité, il ne se connaît pas mieux qu’il ne connaît le monde. Il attribue à sa personne une quantité de défauts et de qualités qui ne sont pas véridiques. Il croit son cœur de pierre mais c’est lui-même qui l’a scellé par peur de le voir brisé. Il est d’acier, comme son bouclier, mais il est inclusivement plus frêle qu’aucun autre. A force de bâtir depuis tant d’années sa personnalité actuelle, il en a oublié de renforcer celle dont il est réellement doté. C’est un sujet très complexe et étonnant par son imprévisibilité : on ne sait jamais la façon dont il peut réagir ni l’extrême fougue qui peut s’échapper d’un moment à l’autre de lui.

L’amour. Cela ne veut rien dire. Ce n’est qu’un concentré de paroles mielleuses et de regards pseudo-romantiques. Mais ni l’amour ni le romantisme n’existent. Ce sont des inventions de l’homme pour justifier la nécessité de la paix, des sentiments que l’humain s’invente pour se détacher des animaux. Et c’est avec cela qu’il croit se différencier d’eux et s’élever plus haut que n’importe qui. Quand on aime, paraît-il, on est dans les nuages. On n’a jamais faim, on sourit, on est d’humeur joviale – du moins quand l’amour est réciproque. On se déifie presque. Mais ce sont que de stupides badineries d’enfants, peut-être les seuls vestiges de ce temps perdu. Rien n’élève l’homme plus haut qu’aucune autre espèce. Et ce qui nous différencie des animaux, c’est notre simple capacité de penser, rien de plus. Nous pensons, donc nous nous inventons des sentiments comme on se donnerait un but dans la vie. Et nous passons la nôtre à atteindre ce dessein stupide instauré par l’humanité. Nous marchons, au début, puis nous sautillons pour finalement courir vers ce but inatteignable. Nous essayons d’attraper l’amour en étirant son bras, alors que ce n’est que du vent. L’amour, en réalité, ce n’est que de l’orgueil. On aime parce qu’on est dépendant de cette extase suprême que l’on ressent amoureux. On aime parce qu’on est bien avec une personne. Et c’est pareil pour la mort. A-t-on jamais pleuré sur la tombe d’un défunt ? Mais en réalité, nous pleurions pour la vie peut-être sans gaieté que nous mènerions sans lui. Et les seules personnes fortes sont celles qui l’ont compris et qui vivent malgré cela une vie dessinée par les ambitions. D’ailleurs, parlons de l’ambition. Cette envie insatiable de grimper toujours plus haut la montagne dangereuse de la société. N’est-ce pas de l’amour ? Mais cet amour-là, au moins, n’est pas mensonger : on ne se cache pas derrière une autre personne en prétextant tenir à lui par simple désir d’être heureux. Voilà la différence. Et William, lui, suit son itinéraire et c’est par ambition qu’il transforme sa chambre en hébergement pour jolies filles le temps d’une nuit. Le temps nécessaire au plaisir sans craindre de rêver. Rêver conduit à la mort. Parce que rêver induit en erreur : il induit en l’amour. Ou plutôt : il en induit en l’envie d’aimer. Et vous vous surprendrez bien vite à rêver de cette fille que vous avez croisée l’autre jour, ou cette autre-ci qui vous avait plue. La plaisance, ce n’est guère de l’amour. Et quand vous croyez aimer, à voir tous ces couples se cajoler en gloussant de plaisir, vous vous éprenez lamentablement de ce fléau sans failles. Il vous colle à la peau, il vous ronge jusque sous vos entrailles, il déforme vos pensées et les recrache toutes dégoulinantes de grossièreté. Il va même jusqu’à vous tuer ! Ainsi William aime-t-il les filles faciles. Ce nom lui semble d’ailleurs inapproprié : en quoi la réalité est-elle une facilité ? Mange-t-on dans la viande les os craquants ? Alors pourquoi devrait-on prendre des femmes ce qui n’est pas mangeable ? Mangeons plutôt son corps et laissons de côté ce qui est dangereux. Son esprit, par exemple. Il ne sert à rien d’autre qu’à exalter sa passion. Le reste est futile, voire empoisonné pour les femmes romantiques. Ce genre de filles comme Callie, cette idiote novice de tout. Elle n’a compris ni la vie ni les sentiments. William, blasé, a même dû attendre deux mois pour lui soutirer quelques étreintes. Elle était vierge ! Quelle est cette tendance de sauvegarder comme un joyau ce petit bout de beau ? N’y a-t-il donc rien de plus important que de conserver cet hymen ? Il est même devenu possible de le recoudre ! Quelle ineptie ! La pureté ne vient pas d’un bout de peau, tout de même. Elle s’acquiert – d’ailleurs inutilement – par la beauté de l’être humain. Mais c’est encore une bêtise de penser qu’elle existe. Chaque humain a sa part de noirceur qu’il cache par sa bonté hypocrite. Callie a cru que William allait se transformer d’un jour à l’autre en prince charmant. Vous savez, cet héros dont les petites filles rêvent en regardant Cendrillon. Pourquoi inculque-t-on des valeurs inexistantes à des enfants ? La demoiselle était le fruit d’un pari. C’était si facile à jouer pour l’acteur que William cache en lui ! Elle n’attendait de lui qu’un peu de sa présence et beaucoup de son attention. Il était tout à elle, et c’était ô combien dur à faire. Lui, si volage, était habitué à accoster toutes les femmes jugées belles. Callie était agréable à regarder mais elle ne dégageait rien de très attirant. Toujours est-il qu’il la jetée comme une malpropre. Il avait passé suffisamment de temps avec elle pour se séparer d’elle lentement. Tout en douceur, en finesse, comme l’aiment les filles. Mais ce n’est pas du goût de William et il n’avait plus envie de jouer au gentleman adorable qu’il détestait être. Mais d’où venait donc ce pari ? C’est l’un des nombreux amusements de Lexie et de William. Voilà leur occupation primaire : se donner des gages qu’ils pensent irréalisables. Mais chacun les réussit chaque fois avec brio. Ils sont frères et sœurs, ou plutôt « demi », ce mot qui sépare deux familles du sang. Ils ne s’entendent pas, c’est plutôt leur passion du risque et du plaisir qui les unit : sans qu’ils en soient gênés, ils éprouvent mutuellement un désir réciproque qu’ils ne cachent pas. La plupart des gens sensés trouverait cela ignoble, mais pour William le désir est une fatalité qui accable les hommes et qu’ils ne peuvent réfuter, comme l’amour pour d’autres. Alors il ne s’en prive pas, et ce n’est pas la nature qui l’en empêcherait. Les animaux commettent des matricides s’en en être attristés, et les incestes sont nombreux…pourquoi l’homme les qualifie-t-il d’outranciers ? Les deux frères et sœurs sont souvent ensemble, et vous devineriez en les voyant qu’ils cultivent une relation étrange : leurs sourires charmeurs et leurs yeux vicieux traduisent aisément leur sens aigu d’observation. Rien ne leur échappe, rien ne passe au travers de leurs griffes. Et c’est ainsi qu’ils capturent leur proie. Soit en jouant le boa et en les étouffant doucement dans une ultime étreinte, soit en les mordant passionnément au paroxysme de l’envie. Et, pour finir, il y a Grace, qui ne peut rentrer dans aucune catégorie. Elle est cette proie à part qui répond aux morsures et se défait des bras enjôleurs de William. La seule qui lui ait résisté et la seule qui puisse le frémir à la simple écoute de son prénom. Elle est différente des autres parce qu’elle lui plaît. Indéniablement. Et ce n’est pas seulement l’extraordinaire sex-appeal dont elle est pourvue qui l’attire. C’est autre chose. Quelque chose de vraiment différent. Il ne le sait pas – il ne veut pas l’avouer – mais il l’aime. C’est la seule preuve qui démontre que sa théorie de l’amour est fausse. Il voit en elle, pour le moment, une cible à atteindre. Il n’a pas encore trouvé de flèche assez saillante pour pouvoir viser le milieu de cette cible, mais il y travaille assidûment. Il la connaît depuis son plus jeune âge, mais il ne se résout pas à lui avouer qu’il ressent quelque chose. Ressentir, c’est avouer sa défaite et sa fragilité, et c’est mal. Un homme comme lui ne doit éprouver aucune crainte. Lorsqu’il voit Grace, il est comme avec toute autre femme : impassible. Il la regarde avec ses yeux charmeurs, s’essaie à la séduire, et devant sa haine, ne fait rien. Parce que la jeune femme le déteste. Il a cet air arrogant et nonchalant qu’elle ne peut supporter. Ce rôle qu’il se prête l’agace au plus haut point. Pourtant, il ne se démoralise jamais, c’est sans doute un point fort de sa personnalité. Il essaie sans essayer, parce qu’être avec elle n’est pas un but. Il ne s’est jamais posé la question de la nécessité de coucher avec elle. D’ordinaire, c’est ce qu’il fait. Et plus la mission lui paraît ardue, plus il s’y jette avec engouement. Il suffirait pourtant de trois mots, trois petits mots. Mais il ne veut pas les dire, ce serait assumer d’être comme tout le monde : un pion qu’on déplace, dont on manie les fils de l’âme. Et cette vision lui est insupportable. Lui, William, ne peut être déplacé sans qu’il le veuille. C’est ainsi que les rôles ont été distribués. Nous dirons donc de ce sujet qu’il est très difficile à cerner. Cerner sa personnalité est chose aisée : écrivez qu’il est arrogant, manipulateur et volage, et vous l’aurez qualifié. Mais lorsque vous voulez écrire sa vraie face, celle qu’il cache depuis toujours, vous n’y arriverez pas, parce qui lui-même ne la connaît pas. Il n’en a jamais connu l’existence. A ses yeux, il est un cœur de pierre qui ne ressent rien. Et ce qui fait son charme, c’est qu’on ressent ce qu’il essaie misérablement de blottir : c’est un cœur dont la chair est à vif et qui a besoin d’être écouté. Mais il n’y a que Grace qui pourrait le délester de sa personnalité hypocrite. Et il faudrait déjà qu’elle se déleste elle-même de sa haine. Autant dire qu’il faudra beaucoup de temps au sujet 47 pour être enfin un être « normal » qui accepte, non comme une fatalité mais comme une chance inouïe, de posséder en lui des sentiments.

II. Hors-Jeu

Pseudo, Âge : Appelez-moi Lucille =D. Et j'ai bientôt 15 ans.
Code du réglement : Je l'insèrerai quand j'aurai fini ma fiche.
Présence sur le forum : Régulière.
Comment avez vous découvert le forum :Par Bazzart.
Avis, suggestions ou autre : Très joli design ! J'adore les couleurs et j'adore les ronds donc c'est un sans faute XD. Quant aux PV, j'ai été étonnée de voir tous ces personnages, franchement, bravo aux admins, vous avez fait un énorme boulot !